Après avoir fait un rapide inventaire, son regard se posa finalement sur les moufles. Comme elles frissonnaient, Polka les saisit et les enfila. Elle eut soudain une étrange sensation de froid. Doudou, qui était resté accroché à son cou, claquait des dents.
- Où sommes-nous ? interrogea Polka.
- Dans le Grand Nord, tu ne le sens pas ? répondit Doudou.
Mais les moufles la protégeaient et le froid ne la transperçait pas.
- Comme c’est beau, s’exclama-t-elle.
- En tout cas, ça ne s’est pas réchauffé ! remarqua Doudou.
- Tu es donc déjà venu ? questionna Polka.
- Bien sûr, annonça Doudou, mais il y a fort longtemps. Avec Hippolyte.
- Mais qui est Hippolyte ? s’enquit Polka.
- C’était mon meilleur ami ! répliqua Doudou. Un petit garçon pas plus haut que toi, qui m’a accueilli dans sa maison.
Chapitre 2 Tableau de Sabine JOUSSET
Intriguée, Polka s’agenouilla près de la malle et découvrit différents objets. Le premier à se manifester fut le sac. Il se dandinait d’un pied sur l’autre comme pour dire quelque chose. Polka le prit par les anses et le souleva.
- Attention, lui recommanda-t-il, je ne fais peut-être pas mon âge mais je ne suis plus tout jeune et puis je suis rempli de vieux souvenirs. Tiens, ouvre ma poche et dis-moi à quoi ça te fait penser.
- C’est une odeur de vanille, répondit Polka.
- Et elle a bien soixante ans ! répliqua le sac.
- Mais d’où vient cette musique ? interrogea Polka.
- De la flûte ! rétorqua le sac. Elle, elle sait s’y prendre pour attirer l’attention !
Alors Polka se pencha davantage au-dessus de la malle et découvrit tour à tour une flûte en roseau, un gros coquillage, un collier de perles blanches, une paire de moufles, un immense chapeau de clown, un petit cheval de bois, une branche, un éventail et un grigri.
Polka est un peu magicienne.
Surtout depuis qu’elle a rencontré Sybille, sa voisine. La première fois qu’elle est entrée dans son atelier, c’était à cause de l’odeur d’essence de térébenthine. Sybille passait une nouvelle couche de peinture sur les murs. L’un était rose, l’autre, jaune, le troisième, vert et le dernier, bleu.
D’abord, Sybille ne fit pas attention à Polka parce qu’elle discutait. Mais, avec qui ? se demanda Polka. Avec un petit ours blanc, couvert de taches de peinture, qui l’aidait à repeindre la fenêtre.
- Bon.. Bonjour, hésita Polka.
- Ah, tu tombes bien, fit remarquer Sybille. Nous avions justement besoin de toi. La malle ne peut pas rentrer toute seule, elle est trop chargée. Veux-tu nous aider à la porter ?
- Bien sûr, répondit Polka.
Sybille, Polka et le petit ours blanc soulevèrent la malle et la déposèrent au milieu de la pièce. Celle-ci étira ses poignées et redressa son couvercle.
- Ah, dit-elle, maintenant, sortez !
Et une multitude d’objets escalada son dos pour prendre l’air. Seuls quelques-uns ne se décidaient pas à sortir. Polka se pencha sur la malle. Aussitôt, un vieux Doudou raccommodé lui sauta au cou et lui dit :
- Enfin, Polka, tu es venue !
Voyant que Polka ne comprenait pas ce qui se passait, Doudou continua :
- Nous t’attendions pour le grand voyage.